Présentation de nouveaux tummuli non mégalithiques
Jean Arnal
René Bertrand
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JEAN ARNAL ET RENE BERTRAND
Présentation de nouveaux tumuli non
mégalithiques
L ~s préhistoriens anglois on t inventori é depuis long temps leurs
tumuli sans chambre mégali th ique (unchambered· long· barrows) qu i
se répartissent principa lement su r 10 portie est de l'Angle terre. Dons
ce tte ile, ils affectent le plus souvent une forme a llongée . Les bel·
ges, qui n'ont que deux dolmens, en possèden t aussi de ci rcu laires
qu'ils appellen t " marchets" (1).
En France, peu de gens s'en sont occupés. Zocharie le Rou ·
zic (2) a eu le mérite de décrire ceux du Morbihan . Dans ce dé·
portement nous pouvons y distinguer des longs tumu li rec ta ngu·
la ires (Man io et Crucuny, fig. 2, N.- 1 e t 2), des tumuli ronds
con tenan t un seul coffre (Castell ic, fi g. 3, N.· 2 ), ou d'énormes
tumuli ovales recouvran t un seu l caisson . Les t umu li de St . Mi ·
chel ou de Tumiac en sont de magn ifiques exemples. Chez eux, le
ter tre se compose d'amoncell ements de pie rres recouver ts d'une
épa isse chape de vose pou r en assu rer l' imperméabi lité. Le tou t est
encore recouvert de deux ou trois assises de pie rres. (F ig. 1, n .· 2 .)
Sous la protec tion de ces éminences pierreuses on t rouve des
sépultures différen tes selon leur profil.
fil G. E. DANIEL: "The Prehisloric Chamber Tombs of Englond and Woln"; Cambr idge Un ivl!fsi ty Press, 1950.
E. SACCASYN DELLA SANTA: "Lo Belgique Préhistoriq ... e"; Office de P... •
blicité. Br ... xelles, 19.. 6.
(2) Z. LE ROUZ IC: "Morphologie el chronologie des sépUlt ... res ptéhislO·
tiques d... Morb lhon"; L'An thropologie, t. .. 3 el .... , Poris 1933 et 1934.
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Fig. I.-Répartition des tumuli non méga lit hiques en Fronce. Num. 1 Tumulus
de 10 Grée de Goujou (St . Just, Ille e t Vilaine) . Num. 2 Groupe de Cornac,
Morbihan. Nûm. 3 Tumulus de $1 Marli" 10 Riviere, Vienne. Num. 4 Groupe du Cousse Noi, (Gord ). Num. 5 Tumulus de Suoilles (Roue t, Hérault).
Num . 6 Tum ... li de j'Euzlere (St. Mathieu de Tréviers, Héroult) , Num. 7
Tumulus de la Lêquière (Bu:tignargues, Héroult), Num. 8 Tumulus de Contcperdrix (Calvisson, Gord). Num. 9 Tumul i près de Marseille (Bouches du
Rhône).
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NOUVEAUX TUfo.WLI NON MEGALITHIQUES
3
Les longs tumuli rectangu laires contiennent de mu ltiples fas .
ses à inciné rat ion souvent marquées par des s tèles ou de petits
menhirs (fig . 2, N.· 1). Dans les tertres ronds, un caisson occupe le
centre du monument (fig. 3, N.· 1) . Les inhumations y prédomi .
nent. Il en est de même pour les grands tumu li. Au St. Michel, la
ciste centrale a servi d'inhumation à un individu probablement
entouré, dans des cistes secondaires, par ses femmes ou serviteurs:
un coffre avai t été réservé aux restes d'un boeuf, animal sacré, ou
préféré du défunt .L' importance des matériaux qui les recouvrent,
jointe à l'absence de cou loi r d'en trée, prouve bien que le monu men t a été bâti en un seul temps et qu'i l ne pouvai t ê tre question
d'inhumations successives.
Pour édifier leurs dolmens à couloi r, les premiers constructeurs
de mégalithes se con tentaient parfois, des tert res déjà existents.
C'est ainsi que le dolmen à cou loir de St . Germain (Morbihan) a
été bâti dans un "unchambered-round-baffow" à caisson central
(fig. 3, N.· 1). A St. Michel de Carnac, un petit dolmen se cache,
dans la chape de vase, à son extrémité est. Cette coutume se perpétuera, et l'on voit couramment plusieurs dolmens à couloir (Ma né-Korianed) ou un dolmen et une allée couverte (Beg an Dorchen,
Finistè re) recouverts par le même amoncellement de piertes (3) .
Cependant, à la fin du mégolithisme, on a édifié des tumu li a llongés qui ne pouvaient contenir qu'une seu le allée couverte.
Dans l'Ille et Vilaine le site de la Grée de Gou jou (fig. l, N .~ 1)
se rapproche des types bretons (4). Tartarin a publié pour la Vienne, le tumulus de St . Mortin de la Rivière (fi g . l, N.· 3) (5). Nul
doute que si les chercheurs infatigables du genre de le Rouzic
avaien t é té plus nombreux, nous aurions beaucoup plus de gise.
men ts à signaler dans des rég ions apparemment déshéritées .
Dans le midi de la France, quelques tumuli non mégalithiques
é taient connus depuis longtemps, mois personne ne les ovoit iden tifiés comme tels.
Le tertre de Canteperdrix, 0 été fouillé par Dumas avant
1900 (6). Son bord ovoïde délim ite un amoncellement de pierres,
13 1 P.-R. GIQT: "Le t .... mulus mégolhi tiq .... e de
meur 'Finis tère)"; Goll io, t. V, 1947, pp. 167-170.
(4) S. P1GGOT: "The long borrQW in Brironny";
(5) TARTARIN: "L'ôge de la pierre polie (:, St.
rons (Vienne)"; Poi riers, 1885.
(6) DUMAS, dons A. F. A. S. A .... x environs de
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Beg On Dorchenn en Ploriré à port.
Martin la Rivière et envi1875.
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Fig. 2. - Tumuli rectangulaires de Man ia. 1 el 2. D'après Le ROl.nk Kornoc,
Morbihan).
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Fig, 3.-Num 1 Tumulus à (oisson el dolmen à couloir de SI. Germain (Erdeven,
Morbiha n) . Num. 2 Tumulus .3 caisson de Costellic (Cornac, Morbihan).
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NOUVEAUX T UMULI NON ~IEGA LlTH 1QUES
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peu élevé. Les sépu ltures ont été déposées dans des fentes de rocher, aménagées avec des 'murs en pierres sèches. Les chambres
rectangulaires dominent, mois il y en a de polygonales et de
rondes. Un cou loir permet dons quelques cos de s'y introduire et
des fenêtres ont été aménagées loin de l'entrêe. L'architecture
soignée util ise les moindres cavi tés de la roche sous-jacen te. Le
mobilier es t pauvre car c'est la règle dans les tombes à incinération (fig . 4, N. ~ Il . Les dimensions que nous avans trouvées quoi que approximatives diffèrent nettemen t de celles des inven teurs
qui n'on t pas publié de plan génêra l (60X40 m. Arnal et 4Q X 18
m. Dumas) . Malgré le peu de temps que nous avons pu leur consacrer, il est certain que nous sommes plus orès de la réalité . Nous
nous demandons même, comment nos prédécesseurs ont pu t rouver
des mesures oussi modestes pour cette surface.
A 10 Léquière, le bord du tumulus, toujours ovoïde se rapproche beaucoup de Canteperdrix. Les pierres ne s'accumulaient aussi
que sur une faib le hauteur. Ses dimensions (63 X 44m.l en font le
plu s vaste monumen t du midi de la Fronce. (fig. 4, N.e 3) . Les
tombes, par contre, diffèren t totalement de celles du précédent .
Un coffre triangu laire bordé de dalles ou une stèle sur laquelle
s'appuie une petite fosse rectangulaire ou semi -circulaire, borélée
de murs en pierres sèches. Il ne faillait pas beaucoup de place
pour loger les cendres de l'incinération d'un cadavre, et un pauvre
mobilier. Louis et Peyrolles, leurs inventeurs, ont abondamment
décrit ce mode de sépu lture, avec stèle aniconique dont la forme
générale se compose d'un rectangle dont le bord supérieur se term ine par un ongle obtu. Rarement ces stèles sont gravées. On ne
cannai t guère que celle de Bragassargues et deux que tout dernièremen t une équipe de scou ts on t découvertes non loin du tumulus
de SuollJes. Les gravures représen ten t deux yeux, un nez et des
"ta touages" . En ce la elles se rapprochen t beaucoup des dalles ou
s tatues-menhirs avec lesque lles il ne fou t DOS les confondre (8) .
Le monument de Suai Iles (Roue t, Héroul t) est moins vaste que
les deux premiers. Ses tombes paraissent moins nombreuses mais
plus variées. A l'ouest, nous avons fouillé deux fosses rectangula ires, l'une foite de dalles, l'ou tre de murs en pierres sèches. Au
/11 M. l OUIS: "Le ~éoltthÎQUe"; LO'S1uÎer, Nimes, 1933 .
(81 Comm. OCT08 0 N: "Enquête SUr les figurat ions Neo- et Eneolithl _
o ues. Sta tues_ Me nh irs, stêle$ grovêes, dolles sculptées" ; Revue AntNopologlque,
41 ême o nnee, num. 10-1 2, Paris, 1931 , pp. 297- 516 .
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Fig. 4. _ Num. 1. Tumulus de Con lepe
Lêqu ières, Buzignargues, Héroult. Num. 4 el 5. Tumu li de l' Euzière, St. Mothieu de Trevien, Héroult .
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NOUVEAUX TUMUL I NON l\IEGA LIT H IQUES
7
sud, un aven étroit, a é té aménagé en grotte sépulcrale . Enfin, sur
le bord est, des da lles marquen t l'emplacement de deux cistes
maintenant très ruinées (fig . 4 , N.o 2) .
Entre Sua iIles et ta Léquière, nous avons fouillé en 1934 deux
tumuli plus modes tes s itués à quelques mètres l'un de l'outre ou
milieu du village néolithique de l'Euzière (Tréviers, Héroult)
(fig. l, N . ~ 6 ). Ces tert res ronds, ont un d iamèt re de 8 et \0 m.
pour 60 cm. environ de hauteur. Le plus pet it ne possèdai t qu'une
seule s tèle con t re laquelle s'appuyait une petite fosse arrondie.
Deux stèles indiquaient dans J'autre, respectivement une et deux
fosses (fig. 4, N." 4 et 5). Du village lui -même, il ne res te que
Mill au
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Fig. 5. _Nu," . 1 Groupe de la Gra ner ic, Reve ns, Gard IX tumulus louillél. Num.
2 Groupe de Rogh. Num. 3 Gra tt e de Lidde. Num. 4 Dolmens de Pradine
(ces trois derniers dons 10 commune de Lanueiols, Gard). Num . 5 Menhir de
Vessac (SI. André de Ve zines, Aveyranl. Num. 6 Dolme n de Montpe ll ier le
VieuK. La Roq ue Ste. Margueri te, Aveyron.
des concavités circu laires, ves tiges de cabanes en branchage sur
fond a tions en pierres sèches et quelques s ilex di spersés Sur son
aire. Le mobilier es t caractéristique et attribuable à civil isation des
Pas teurs des Plateaux (9 ), malheureusement l'absence de poterie
en quantité suffisante n'autorise pas une datation certaine.
(9 ) M . LOUIS: "Préhis toire du La nguedoc Méd iterranée ... el du Rous,illon";
Ni mes, 1948.
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8
J . ARN AL ET R. BERTRAND
La troisième série de tum uH sons chambre mégalithique se si ~
tue su r le pla teau du Causse Noi r, à l'ext rémité de la poin te que
pousse le déportemen t du Gard dans la jonct ion de l' Hé rault, de
l'Aveyron e t de la Lozère. Ici 10 garr igue languedocienne a foit
place aux hau ts plateaux (700- 1. 100 m.) !,:!ui un issent la région
plissé du li toral ou massif de l'Aubrac et ou mon t Lozère (f ig . 1,
N .~ 4). Nous pouvons le subdiviser en trois sous-groupes. Le prem ier se compose de quatre élémen ts et domine les conyons du
Trevezel (rovin du Contobre) à la haut eur du hameau de la Gra -
Fig. 6._ PQignord en silex bruie du lumulus
de la Granerie, Lanuejols, Gard.
nerie. Le N.e 1 (marqué d'une croix su r la corte) a été fouillé par
nous. Le N.- 4 parai t ê tre cein turé d'un cromlech dont les pierres
son t toutes renversê~s (fig. 5, N.~ 1). Cinq Clutres entouren t la ferme de 10 licide (fig. 5, N." 3) et sept ou tres se groupen t autour
de la ferme de Rogès (f ig. 5, N .- 2) ( 10).
Les dolmens de Prod ine 1 e t 2 son t tou t proches du sous-grap-
( IO) Voici la situa tion e ~ act e des tumull du Causse Noir présentes dons
celle étude:
Commune de Revens, hameau de 10 Granerie.
Num . 1 lieu di!: la combelle d e Per lu10dc (fouillé par nous).
Num . 2 même giseme",.
Num. 3 lieu di t : Le Devais de Maillé.
Num. 4 lieu di t : Le Gravlalé.
Commune de Lonuéjols. Ferme de Licide.
Num. 1 lieu dit: Les Genets.
Num. 2 lieu d it: Le Plo.
Num. 3 lieu dit: Les Codes.
Num. 4 lieu dit: Le Serras.
Num. 5 lieu dit: L'Huboc.
Fe
Nu,". 1 pt 1. lie.. d ;t · Solch de la Ub.rté.
Num. 3 ô 5 lieu dit: La Craix (4 et 5 fou illés).
Num. 6 et 1 lieu dit: Le Pied du Boeuf.
Num. 8 lieu dit: Les Chierres (fouillé).
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NOUVEAUX TUMULI NON MEGALITHIQUES
9
pe 3. (fig . 5, N.o 4) . Pl us loin se dresse le menhir de Vessoc (St.
André de Vézines, fig 5, N.O 5), et plus à l'est le dolmen de Montpellier le Vieux qui seroit entouré de tumuli (fig. 5, N.O 6).
Enfin les grottes si nombreuses dans les canyons qui découpent ces plateaux ont livré un riche matériel appartenant à la civilisation mégalithique des Hauts Plateaux, au bronze moyen et
à l'hallstattien.
Fig. 7._Num. 1 Fragment de pO terie. Num. 2 Perle à ollelle$. Num. 3 et 4,
Perle en steotite, provenont du tumulus de la Gronerle de Lanuej ols, Gord.
Près de Marseille, Repelin a signalé ou moin s un tumulus à
"mobilier néolithique ", sons préciser dovantage. Nous pouvons toutefois affirmer qu'i l ne contena it pas trace de dolmen (1 1) .
Le mobilier trouvé dons ces tombes est très variable selon les
régions qu'ils occupent.
Pour un préhistorien non averti, le terme de tumulus circu laire,
sons architecture intérieure, est synonyme d'!1alls tattien. C'est dans
cet esprit que nous avons ouvert le tertre N.· 1 de la Granerie (le
(11)
REPELtN , dons Ar,hlves de la Fo,ullé de Lettres de Marseille.
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la
J . ARNAL ET R. BERTRAND
seul que nous ayons fouillé). Effectivement, avent nous, un certoin nombre de chercheurs de' belles pièces que nous n'osons quali fier d'archéologues avien t découvert des bracelets, des perles, des
a rmes en bronze et même des ob jets en fer. Ces fouilles hotives,
mol observées e t inédites ne nous apprenn ent pas s i ces t rouvailles
dataient ovec exacti tude Jo const ruc tion de chC1que tu mulus ou si
des sépultures secondaires succédaient à d'au t res plus a nciennes.
Quoiqu'il en soi t, au fi eu de bracelets ou d'ob jets de bronze,
nous avons eu la surprise de découvrir un fXligno rd en silex, long
d'environ 20 cm. La ma ti è re en étoit fr agmentée et couverte de
géodes carac téri san t J'ac tion du feu (fig 6). Les parures étaient
représentées par deux rondelles en stéatite noi re (fig 7, N.a 3 et 4 1
et par une perle à ailettes (varié té à boules) en calcaire blanc
(fig 7, N." 2) . Divers tessons de poterie compl é taient le tout. Nous
0
avons représenté le plus impor tan t à 1 fig 7, N.o 1. La pâ te primitivement rouge, s'e~t noircie a u con tact du bucher" incinérateur,
mois certains frag men ts on t conservé leur teinte originelle. D'après sa con textu re, sa fo rme, nous pouvons l'attribuer ou bronze
ancien, c'est à dire après la pa terie chasséenne non decorée (West
European Pottery ou chasséen 1 Bl e t après la céramique de Horgen,
que l'on t rouve dans les grot tes. Il ne faut pourtant pas croire qu e
le bronz.e oncien ait été ici riche en métal. Ce la n'est pas vrai que
pour le li ttoral, mais ici l'économ ie est encore néolithique.
Les cendres mélangées à quelques ossements échoppés à l'incinération occupaien t les fentes la issées par les pierres. En l'absen ce de caissons si pe tits soien t -ils nous pensons que les dépô ts fun é~
raires se fai saien t dans des coffres en bois ou autres matières périssables.
Il convient donc de réviser l'idée primitive que les tumu li ronds
des hauts plateaux dotent de l'hallstattien . Nous savons mainteriant qu'ils remon t en t ou moins à un néolithique récent attardé
dans le bronze a ncien.
Les tertres de suoilles, de l'Euzière et de 10 Léquière, nous on t
livré (à nous et à Lou is) des sil ex, don t un peti t pic (Suoi lles),
taillés à grands écla ts sur les deux faces se lon la t echn ique campign ienne. Nous avons déjà dit que ce t outillage lithique était a ttri buable aux Past eurs des Pla teaux. A Suai Iles Louis a trouvé dans
" a ven deux hoches palies en roches dures. La pot er ie t rap fragmen t ée e t ma l conservée fai t par ti e du même compl exe. Les rares
décorations , de ces tessons se composen t principalement de che_1 32 _
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NOUVEAUX T Ur-. ' ULI NON MEGALITH IQUES
11
vrons incisés à cru, de "pas tilles" et de cordons en re lief. La stratigraphie de la grotte de la Madeleine (Villeneuve les Maguelonne,
Héroult) (12) mon t re que l'ensemble peut remonter ou delà du chosséen non décoré, jusqu'ou chasséen décoré récent, qu i est pleinement
néolithique. Ces tumuli peuvent donc avoir été construits ou début
du néolithique récen t mois la majorité des sépultures se si tuent ou
bronze ancien . A Canteperdrix, une tombe a livré un fragment de
vase cannelé du type de Fontbouïsse (postérieur ou caliciforme,
donc attribuable ou bronze moyen ou ou plus à la fin du bronze
ancien) qui n'indique pas nécessairemen t la dote de cons truct ion
de l'édifice ma is seulement d'une sépul ture probablemen t tardive .
Pour la Bretagne, nous nous laisserons guider par Le Rouz.ic et
par Stuart Piggott (13) qui ont étudié en détails la question des
tert res sons chambre mégalithique . La présence de multiples cais sons à incinération de Mania et de Crucuny, fait penser irrésistiblement à la Léquière et à Suoilles malgré les différences du conteur extérieur.
A Mania, l'emballage du tumulus contenait des tessons de
poterie chasséenne décorée récen te (chasséen 1 A récent) et les
caissons du chasséen 1 B (West European Pottery) et quelques
vases à fond plot peut-être plus récents (chosséen 2 ou Hargen ien).
Les coffres sous tumu li ronds ou ovales (de Castellic ou du St . Mi chel) contenaient uniquement de la poterie chasséenne 1 B. Enfin
le tumulus de St. Germain (Erdeven, Morbihan) nous apprend que
les premiers dolmens à cou loir ont succédé aux coffres dons les tumuli ronds ou ovales. On n'a jamais t rouvé de méta l ni de vases
caliciformes dons un tumulus sons chambre mégalithique, mais
beaucoup de dolmens à couloir possèden t la paterie semblable à
celle de leurs prédécesseurs. Il n'y a pas non plus de preuve fo rmelle que l'inhu ma tion collect ive sous mégalithe oi t fa it complètemen t obandonner l'incinération individue lle en caissons. Pa r contre lors de la généra lisa tion de la poterie de Horgen, de la construction des grondes allées couvertes et de l'in t roduction avec le
calicifarme du mé tal, les cistes étaient bien abandonnées . Elles
reparaîtron t sous une forme différente à la fin de l'âge du bronze.
II est donc évident pour la Bretagne et très possible pour le
t 121
pOlogie.
(13)
J. ARNAl: "Lo GrOlle de la Madeleine"; à paraître dons l'Anthro _
Voir note 4.
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133 -
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12
J . ARNAL ET R. BERTRAND
Languedoc, que le dépôt de cendres d'incinéra tion sous tumulus non
mégalithique a débu té avan t et s'est prolongé pendant la diffu sion du mégalithisme. Si en Languedoc ils paraÎssen t avoir duré
plus long temps, c'est que, sur le littoral méditerranéen, l'âge du
bronze a été plus précoce qu'en Bretagne. Sur les hau ts pla teaux,
les tumu li simples se sont superposées aux dolmens et Jeur ont largemen t survécu.
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-J.34-
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JEAN ARNAL ET RENE BERTRAND
Présentation de nouveaux tumuli non
mégalithiques
L ~s préhistoriens anglois on t inventori é depuis long temps leurs
tumuli sans chambre mégali th ique (unchambered· long· barrows) qu i
se répartissent principa lement su r 10 portie est de l'Angle terre. Dons
ce tte ile, ils affectent le plus souvent une forme a llongée . Les bel·
ges, qui n'ont que deux dolmens, en possèden t aussi de ci rcu laires
qu'ils appellen t " marchets" (1).
En France, peu de gens s'en sont occupés. Zocharie le Rou ·
zic (2) a eu le mérite de décrire ceux du Morbihan . Dans ce dé·
portement nous pouvons y distinguer des longs tumu li rec ta ngu·
la ires (Man io et Crucuny, fig. 2, N.- 1 e t 2), des tumuli ronds
con tenan t un seul coffre (Castell ic, fi g. 3, N.· 2 ), ou d'énormes
tumuli ovales recouvran t un seu l caisson . Les t umu li de St . Mi ·
chel ou de Tumiac en sont de magn ifiques exemples. Chez eux, le
ter tre se compose d'amoncell ements de pie rres recouver ts d'une
épa isse chape de vose pou r en assu rer l' imperméabi lité. Le tou t est
encore recouvert de deux ou trois assises de pie rres. (F ig. 1, n .· 2 .)
Sous la protec tion de ces éminences pierreuses on t rouve des
sépultures différen tes selon leur profil.
fil G. E. DANIEL: "The Prehisloric Chamber Tombs of Englond and Woln"; Cambr idge Un ivl!fsi ty Press, 1950.
E. SACCASYN DELLA SANTA: "Lo Belgique Préhistoriq ... e"; Office de P... •
blicité. Br ... xelles, 19.. 6.
(2) Z. LE ROUZ IC: "Morphologie el chronologie des sépUlt ... res ptéhislO·
tiques d... Morb lhon"; L'An thropologie, t. .. 3 el .... , Poris 1933 et 1934.
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Fig. I.-Répartition des tumuli non méga lit hiques en Fronce. Num. 1 Tumulus
de 10 Grée de Goujou (St . Just, Ille e t Vilaine) . Num. 2 Groupe de Cornac,
Morbihan. Nûm. 3 Tumulus de $1 Marli" 10 Riviere, Vienne. Num. 4 Groupe du Cousse Noi, (Gord ). Num. 5 Tumulus de Suoilles (Roue t, Hérault).
Num . 6 Tum ... li de j'Euzlere (St. Mathieu de Tréviers, Héroult) , Num. 7
Tumulus de la Lêquière (Bu:tignargues, Héroult), Num. 8 Tumulus de Contcperdrix (Calvisson, Gord). Num. 9 Tumul i près de Marseille (Bouches du
Rhône).
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NOUVEAUX TUfo.WLI NON MEGALITHIQUES
3
Les longs tumuli rectangu laires contiennent de mu ltiples fas .
ses à inciné rat ion souvent marquées par des s tèles ou de petits
menhirs (fig . 2, N.· 1). Dans les tertres ronds, un caisson occupe le
centre du monument (fig. 3, N.· 1) . Les inhumations y prédomi .
nent. Il en est de même pour les grands tumu li. Au St. Michel, la
ciste centrale a servi d'inhumation à un individu probablement
entouré, dans des cistes secondaires, par ses femmes ou serviteurs:
un coffre avai t été réservé aux restes d'un boeuf, animal sacré, ou
préféré du défunt .L' importance des matériaux qui les recouvrent,
jointe à l'absence de cou loi r d'en trée, prouve bien que le monu men t a été bâti en un seul temps et qu'i l ne pouvai t ê tre question
d'inhumations successives.
Pour édifier leurs dolmens à couloi r, les premiers constructeurs
de mégalithes se con tentaient parfois, des tert res déjà existents.
C'est ainsi que le dolmen à cou loir de St . Germain (Morbihan) a
été bâti dans un "unchambered-round-baffow" à caisson central
(fig. 3, N.· 1). A St. Michel de Carnac, un petit dolmen se cache,
dans la chape de vase, à son extrémité est. Cette coutume se perpétuera, et l'on voit couramment plusieurs dolmens à couloir (Ma né-Korianed) ou un dolmen et une allée couverte (Beg an Dorchen,
Finistè re) recouverts par le même amoncellement de piertes (3) .
Cependant, à la fin du mégolithisme, on a édifié des tumu li a llongés qui ne pouvaient contenir qu'une seu le allée couverte.
Dans l'Ille et Vilaine le site de la Grée de Gou jou (fig. l, N .~ 1)
se rapproche des types bretons (4). Tartarin a publié pour la Vienne, le tumulus de St . Mortin de la Rivière (fi g . l, N.· 3) (5). Nul
doute que si les chercheurs infatigables du genre de le Rouzic
avaien t é té plus nombreux, nous aurions beaucoup plus de gise.
men ts à signaler dans des rég ions apparemment déshéritées .
Dans le midi de la France, quelques tumuli non mégalithiques
é taient connus depuis longtemps, mois personne ne les ovoit iden tifiés comme tels.
Le tertre de Canteperdrix, 0 été fouillé par Dumas avant
1900 (6). Son bord ovoïde délim ite un amoncellement de pierres,
13 1 P.-R. GIQT: "Le t .... mulus mégolhi tiq .... e de
meur 'Finis tère)"; Goll io, t. V, 1947, pp. 167-170.
(4) S. P1GGOT: "The long borrQW in Brironny";
(5) TARTARIN: "L'ôge de la pierre polie (:, St.
rons (Vienne)"; Poi riers, 1885.
(6) DUMAS, dons A. F. A. S. A .... x environs de
-12 5 _
Beg On Dorchenn en Ploriré à port.
Martin la Rivière et envi1875.
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Fig. 2. - Tumuli rectangulaires de Man ia. 1 el 2. D'après Le ROl.nk Kornoc,
Morbihan).
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Fig, 3.-Num 1 Tumulus à (oisson el dolmen à couloir de SI. Germain (Erdeven,
Morbiha n) . Num. 2 Tumulus .3 caisson de Costellic (Cornac, Morbihan).
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126 _
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NOUVEAUX T UMULI NON ~IEGA LlTH 1QUES
5
peu élevé. Les sépu ltures ont été déposées dans des fentes de rocher, aménagées avec des 'murs en pierres sèches. Les chambres
rectangulaires dominent, mois il y en a de polygonales et de
rondes. Un cou loir permet dons quelques cos de s'y introduire et
des fenêtres ont été aménagées loin de l'entrêe. L'architecture
soignée util ise les moindres cavi tés de la roche sous-jacen te. Le
mobilier es t pauvre car c'est la règle dans les tombes à incinération (fig . 4, N. ~ Il . Les dimensions que nous avans trouvées quoi que approximatives diffèrent nettemen t de celles des inven teurs
qui n'on t pas publié de plan génêra l (60X40 m. Arnal et 4Q X 18
m. Dumas) . Malgré le peu de temps que nous avons pu leur consacrer, il est certain que nous sommes plus orès de la réalité . Nous
nous demandons même, comment nos prédécesseurs ont pu t rouver
des mesures oussi modestes pour cette surface.
A 10 Léquière, le bord du tumulus, toujours ovoïde se rapproche beaucoup de Canteperdrix. Les pierres ne s'accumulaient aussi
que sur une faib le hauteur. Ses dimensions (63 X 44m.l en font le
plu s vaste monumen t du midi de la Fronce. (fig. 4, N.e 3) . Les
tombes, par contre, diffèren t totalement de celles du précédent .
Un coffre triangu laire bordé de dalles ou une stèle sur laquelle
s'appuie une petite fosse rectangulaire ou semi -circulaire, borélée
de murs en pierres sèches. Il ne faillait pas beaucoup de place
pour loger les cendres de l'incinération d'un cadavre, et un pauvre
mobilier. Louis et Peyrolles, leurs inventeurs, ont abondamment
décrit ce mode de sépu lture, avec stèle aniconique dont la forme
générale se compose d'un rectangle dont le bord supérieur se term ine par un ongle obtu. Rarement ces stèles sont gravées. On ne
cannai t guère que celle de Bragassargues et deux que tout dernièremen t une équipe de scou ts on t découvertes non loin du tumulus
de SuollJes. Les gravures représen ten t deux yeux, un nez et des
"ta touages" . En ce la elles se rapprochen t beaucoup des dalles ou
s tatues-menhirs avec lesque lles il ne fou t DOS les confondre (8) .
Le monument de Suai Iles (Roue t, Héroul t) est moins vaste que
les deux premiers. Ses tombes paraissent moins nombreuses mais
plus variées. A l'ouest, nous avons fouillé deux fosses rectangula ires, l'une foite de dalles, l'ou tre de murs en pierres sèches. Au
/11 M. l OUIS: "Le ~éoltthÎQUe"; LO'S1uÎer, Nimes, 1933 .
(81 Comm. OCT08 0 N: "Enquête SUr les figurat ions Neo- et Eneolithl _
o ues. Sta tues_ Me nh irs, stêle$ grovêes, dolles sculptées" ; Revue AntNopologlque,
41 ême o nnee, num. 10-1 2, Paris, 1931 , pp. 297- 516 .
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Fig. 4. _ Num. 1. Tumulus de Con lepe
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NOUVEAUX TUMUL I NON l\IEGA LIT H IQUES
7
sud, un aven étroit, a é té aménagé en grotte sépulcrale . Enfin, sur
le bord est, des da lles marquen t l'emplacement de deux cistes
maintenant très ruinées (fig . 4 , N.o 2) .
Entre Sua iIles et ta Léquière, nous avons fouillé en 1934 deux
tumuli plus modes tes s itués à quelques mètres l'un de l'outre ou
milieu du village néolithique de l'Euzière (Tréviers, Héroult)
(fig. l, N . ~ 6 ). Ces tert res ronds, ont un d iamèt re de 8 et \0 m.
pour 60 cm. environ de hauteur. Le plus pet it ne possèdai t qu'une
seule s tèle con t re laquelle s'appuyait une petite fosse arrondie.
Deux stèles indiquaient dans J'autre, respectivement une et deux
fosses (fig. 4, N." 4 et 5). Du village lui -même, il ne res te que
Mill au
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Fig. 5. _Nu," . 1 Groupe de la Gra ner ic, Reve ns, Gard IX tumulus louillél. Num.
2 Groupe de Rogh. Num. 3 Gra tt e de Lidde. Num. 4 Dolmens de Pradine
(ces trois derniers dons 10 commune de Lanueiols, Gard). Num . 5 Menhir de
Vessac (SI. André de Ve zines, Aveyranl. Num. 6 Dolme n de Montpe ll ier le
VieuK. La Roq ue Ste. Margueri te, Aveyron.
des concavités circu laires, ves tiges de cabanes en branchage sur
fond a tions en pierres sèches et quelques s ilex di spersés Sur son
aire. Le mobilier es t caractéristique et attribuable à civil isation des
Pas teurs des Plateaux (9 ), malheureusement l'absence de poterie
en quantité suffisante n'autorise pas une datation certaine.
(9 ) M . LOUIS: "Préhis toire du La nguedoc Méd iterranée ... el du Rous,illon";
Ni mes, 1948.
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8
J . ARN AL ET R. BERTRAND
La troisième série de tum uH sons chambre mégalithique se si ~
tue su r le pla teau du Causse Noi r, à l'ext rémité de la poin te que
pousse le déportemen t du Gard dans la jonct ion de l' Hé rault, de
l'Aveyron e t de la Lozère. Ici 10 garr igue languedocienne a foit
place aux hau ts plateaux (700- 1. 100 m.) !,:!ui un issent la région
plissé du li toral ou massif de l'Aubrac et ou mon t Lozère (f ig . 1,
N .~ 4). Nous pouvons le subdiviser en trois sous-groupes. Le prem ier se compose de quatre élémen ts et domine les conyons du
Trevezel (rovin du Contobre) à la haut eur du hameau de la Gra -
Fig. 6._ PQignord en silex bruie du lumulus
de la Granerie, Lanuejols, Gard.
nerie. Le N.e 1 (marqué d'une croix su r la corte) a été fouillé par
nous. Le N.- 4 parai t ê tre cein turé d'un cromlech dont les pierres
son t toutes renversê~s (fig. 5, N.~ 1). Cinq Clutres entouren t la ferme de 10 licide (fig. 5, N." 3) et sept ou tres se groupen t autour
de la ferme de Rogès (f ig. 5, N .- 2) ( 10).
Les dolmens de Prod ine 1 e t 2 son t tou t proches du sous-grap-
( IO) Voici la situa tion e ~ act e des tumull du Causse Noir présentes dons
celle étude:
Commune de Revens, hameau de 10 Granerie.
Num . 1 lieu di!: la combelle d e Per lu10dc (fouillé par nous).
Num . 2 même giseme",.
Num. 3 lieu di t : Le Devais de Maillé.
Num. 4 lieu di t : Le Gravlalé.
Commune de Lonuéjols. Ferme de Licide.
Num. 1 lieu dit: Les Genets.
Num. 2 lieu d it: Le Plo.
Num. 3 lieu dit: Les Codes.
Num. 4 lieu dit: Le Serras.
Num. 5 lieu dit: L'Huboc.
Fe
Num. 3 ô 5 lieu dit: La Craix (4 et 5 fou illés).
Num. 6 et 1 lieu dit: Le Pied du Boeuf.
Num. 8 lieu dit: Les Chierres (fouillé).
-
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NOUVEAUX TUMULI NON MEGALITHIQUES
9
pe 3. (fig . 5, N.o 4) . Pl us loin se dresse le menhir de Vessoc (St.
André de Vézines, fig 5, N.O 5), et plus à l'est le dolmen de Montpellier le Vieux qui seroit entouré de tumuli (fig. 5, N.O 6).
Enfin les grottes si nombreuses dans les canyons qui découpent ces plateaux ont livré un riche matériel appartenant à la civilisation mégalithique des Hauts Plateaux, au bronze moyen et
à l'hallstattien.
Fig. 7._Num. 1 Fragment de pO terie. Num. 2 Perle à ollelle$. Num. 3 et 4,
Perle en steotite, provenont du tumulus de la Gronerle de Lanuej ols, Gord.
Près de Marseille, Repelin a signalé ou moin s un tumulus à
"mobilier néolithique ", sons préciser dovantage. Nous pouvons toutefois affirmer qu'i l ne contena it pas trace de dolmen (1 1) .
Le mobilier trouvé dons ces tombes est très variable selon les
régions qu'ils occupent.
Pour un préhistorien non averti, le terme de tumulus circu laire,
sons architecture intérieure, est synonyme d'!1alls tattien. C'est dans
cet esprit que nous avons ouvert le tertre N.· 1 de la Granerie (le
(11)
REPELtN , dons Ar,hlves de la Fo,ullé de Lettres de Marseille.
-131-
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la
J . ARNAL ET R. BERTRAND
seul que nous ayons fouillé). Effectivement, avent nous, un certoin nombre de chercheurs de' belles pièces que nous n'osons quali fier d'archéologues avien t découvert des bracelets, des perles, des
a rmes en bronze et même des ob jets en fer. Ces fouilles hotives,
mol observées e t inédites ne nous apprenn ent pas s i ces t rouvailles
dataient ovec exacti tude Jo const ruc tion de chC1que tu mulus ou si
des sépultures secondaires succédaient à d'au t res plus a nciennes.
Quoiqu'il en soi t, au fi eu de bracelets ou d'ob jets de bronze,
nous avons eu la surprise de découvrir un fXligno rd en silex, long
d'environ 20 cm. La ma ti è re en étoit fr agmentée et couverte de
géodes carac téri san t J'ac tion du feu (fig 6). Les parures étaient
représentées par deux rondelles en stéatite noi re (fig 7, N.a 3 et 4 1
et par une perle à ailettes (varié té à boules) en calcaire blanc
(fig 7, N." 2) . Divers tessons de poterie compl é taient le tout. Nous
0
avons représenté le plus impor tan t à 1 fig 7, N.o 1. La pâ te primitivement rouge, s'e~t noircie a u con tact du bucher" incinérateur,
mois certains frag men ts on t conservé leur teinte originelle. D'après sa con textu re, sa fo rme, nous pouvons l'attribuer ou bronze
ancien, c'est à dire après la pa terie chasséenne non decorée (West
European Pottery ou chasséen 1 Bl e t après la céramique de Horgen,
que l'on t rouve dans les grot tes. Il ne faut pourtant pas croire qu e
le bronz.e oncien ait été ici riche en métal. Ce la n'est pas vrai que
pour le li ttoral, mais ici l'économ ie est encore néolithique.
Les cendres mélangées à quelques ossements échoppés à l'incinération occupaien t les fentes la issées par les pierres. En l'absen ce de caissons si pe tits soien t -ils nous pensons que les dépô ts fun é~
raires se fai saien t dans des coffres en bois ou autres matières périssables.
Il convient donc de réviser l'idée primitive que les tumu li ronds
des hauts plateaux dotent de l'hallstattien . Nous savons mainteriant qu'ils remon t en t ou moins à un néolithique récent attardé
dans le bronze a ncien.
Les tertres de suoilles, de l'Euzière et de 10 Léquière, nous on t
livré (à nous et à Lou is) des sil ex, don t un peti t pic (Suoi lles),
taillés à grands écla ts sur les deux faces se lon la t echn ique campign ienne. Nous avons déjà dit que ce t outillage lithique était a ttri buable aux Past eurs des Pla teaux. A Suai Iles Louis a trouvé dans
" a ven deux hoches palies en roches dures. La pot er ie t rap fragmen t ée e t ma l conservée fai t par ti e du même compl exe. Les rares
décorations , de ces tessons se composen t principalement de che_1 32 _
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NOUVEAUX T Ur-. ' ULI NON MEGALITH IQUES
11
vrons incisés à cru, de "pas tilles" et de cordons en re lief. La stratigraphie de la grotte de la Madeleine (Villeneuve les Maguelonne,
Héroult) (12) mon t re que l'ensemble peut remonter ou delà du chosséen non décoré, jusqu'ou chasséen décoré récent, qu i est pleinement
néolithique. Ces tumuli peuvent donc avoir été construits ou début
du néolithique récen t mois la majorité des sépultures se si tuent ou
bronze ancien . A Canteperdrix, une tombe a livré un fragment de
vase cannelé du type de Fontbouïsse (postérieur ou caliciforme,
donc attribuable ou bronze moyen ou ou plus à la fin du bronze
ancien) qui n'indique pas nécessairemen t la dote de cons truct ion
de l'édifice ma is seulement d'une sépul ture probablemen t tardive .
Pour la Bretagne, nous nous laisserons guider par Le Rouz.ic et
par Stuart Piggott (13) qui ont étudié en détails la question des
tert res sons chambre mégalithique . La présence de multiples cais sons à incinération de Mania et de Crucuny, fait penser irrésistiblement à la Léquière et à Suoilles malgré les différences du conteur extérieur.
A Mania, l'emballage du tumulus contenait des tessons de
poterie chasséenne décorée récen te (chasséen 1 A récent) et les
caissons du chasséen 1 B (West European Pottery) et quelques
vases à fond plot peut-être plus récents (chosséen 2 ou Hargen ien).
Les coffres sous tumu li ronds ou ovales (de Castellic ou du St . Mi chel) contenaient uniquement de la poterie chasséenne 1 B. Enfin
le tumulus de St. Germain (Erdeven, Morbihan) nous apprend que
les premiers dolmens à cou loir ont succédé aux coffres dons les tumuli ronds ou ovales. On n'a jamais t rouvé de méta l ni de vases
caliciformes dons un tumulus sons chambre mégalithique, mais
beaucoup de dolmens à couloir possèden t la paterie semblable à
celle de leurs prédécesseurs. Il n'y a pas non plus de preuve fo rmelle que l'inhu ma tion collect ive sous mégalithe oi t fa it complètemen t obandonner l'incinération individue lle en caissons. Pa r contre lors de la généra lisa tion de la poterie de Horgen, de la construction des grondes allées couvertes et de l'in t roduction avec le
calicifarme du mé tal, les cistes étaient bien abandonnées . Elles
reparaîtron t sous une forme différente à la fin de l'âge du bronze.
II est donc évident pour la Bretagne et très possible pour le
t 121
pOlogie.
(13)
J. ARNAl: "Lo GrOlle de la Madeleine"; à paraître dons l'Anthro _
Voir note 4.
-
133 -
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12
J . ARNAL ET R. BERTRAND
Languedoc, que le dépôt de cendres d'incinéra tion sous tumulus non
mégalithique a débu té avan t et s'est prolongé pendant la diffu sion du mégalithisme. Si en Languedoc ils paraÎssen t avoir duré
plus long temps, c'est que, sur le littoral méditerranéen, l'âge du
bronze a été plus précoce qu'en Bretagne. Sur les hau ts pla teaux,
les tumu li simples se sont superposées aux dolmens et Jeur ont largemen t survécu.
,
-J.34-
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